Choye

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L’est Républicain 14 avril 2009

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À Choye, le conseil municipal entend faire démolir une maison censée menacer la sécurité. Tandis que la propriétaire affirme avoir réalisé les travaux nécessaires. Le préfet s’en mêle. C’est un véritable coup de Trafalgar qui a frappé l’équipe municipale de Choye.

Voilà plusieurs années que la commune entend démolir « l’immeuble menaçant » du 15 Grand-Rue. Mais Claire Vallet, la propriétaire de la bâtisse, ne l’entend pas de cette oreille.
Tout semblait pourtant aller dans le sens du conseil municipal. « Nous avons donné trois mois à la propriétaire pour faire le nécessaire afin de sécuriser le site », explique Gilles Maillard, 2e adjoint au maire, « mais au 17 mars (la date butoir), rien n’avait été fait ». Verdict : Guy Chevanne, le maire, est autorisé à entreprendre les travaux de démolition. Tout cela aux frais de la propriétaire. « Nous avons fait faire des devis auprès de quatre entreprises afin de trouver le prix le plus intéressant. » L’addition s’élève à 13.000 €. Une somme que Claire Vallet refuse de débourser. Elle refuse surtout de se séparer de son bien. Acharnement ? Volonté délibérée de tenir tête au conseil municipal ? Pourquoi s’évertue-t-elle à conserver sa maison ? Et pourquoi l’a-t-elle laissé se détériorer de la sorte ?

Le tribunal administratif saisi
« J’ai acheté cette demeure en 1996 pour faire du locatif », explique cette restauratrice de Bonboillon. « Juste quatre murs et un toit, achetés une somme modique que je comptais retaper avec mes trois garçons », précise-t-elle. « Au départ, il y avait juste un petit trou dans la charpente, mais avec l’humidité, les murs ont fini par se lézarder. »
Pourquoi ne pas avoir réagi plus tôt, alors ? « Tout cela prend du temps et coûte de l’argent », se justifie-t-elle.
S’il s’agit d’une question d’argent, pourquoi a-t-elle refusé l’offre de la mairie de Choye qui lui a proposé la somme de 5.000 € en échange de la ruine ? « J’étais perdante vu les travaux que j’y ai faits, sur demande de la mairie. »
À deux reprises, elle a reçu un arrêté de péril imminent. À deux reprises, elle a effectué les travaux demandés, soit la réfection du mur et l’étaiement de la charpente. Des frais engagés pour lesquels Guy Chevanne, prêt à mettre la main à la poche pour la dédommager, n’a jamais reçu les justificatifs, dit-il.
Depuis, c’est silence radio entre l’élu et la propriétaire. « Je suis pourtant allé à leur rencontre trois fois », déplore le premier. Entre les deux parties, c’est l’incompréhension : Guy Chevanne ne saisit pas les motivations de Claire Vallet, et cette dernière commence à croire qu’elle est victime d’un acharnement sans bornes.
Pour l’heure, la question est de savoir si ce bâtiment en piteux état représente réellement un danger pour la population. « Oui », affirme le maire, « il commence à tomber, et des enfants en ont fait un terrain de jeu. » Une inquiétude corroborrée par le rapport de l’expert nommé par le tribunal administratif qui avait conclu à « la nécessité de démolir la maison dans les plus brefs délais », rappelle le premier magistrat de la commune. Mais au village, les avis sont plus nuancés. « Regardez-moi ces moellons ! Elle n’a pas l’air de tomber cette maison ! », lance, ironique, un voisin.
Quoi qu’il en soit, le préfet de Haute-Saône a fait savoir à la municipalité que « seul le tribunal administratif (pouvait) autoriser à exécuter d’office la démolition de l’immeuble ». Le conseil municipal a retiré cette délibération et Guy Chevanne a saisi, dès mardi, ledit tribunal en référé.
« Je me conformerai à cette décision, affirme-t-il. Je veux juste dégager la commune de toute responsabilté. »

Sandrine ISSARTEL

14/04/09

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